C’est quelque chose qui m’a frappé dès la première semaine. Sauf que je pensais que ça allait passer, quand on aurait repris les cous et qu’on aurait tous un rythme plus fixe et régulier. Mais ce n’est pas passé. Mes meilleurs cas d’études pour ce sujet ce sont mes colocs. Une est étudiante en école d’infirmière, une autre est prof de biologie dans un lycée privé catholique, la dernière fait un master d’aménagement urbain et cumule un boulot de serveuse. Elles ont toutes des horaires et des horizons différents, mais partagent le même point commun, en plus de vivre sous le même toit : l’instabilité et l’incongruité des horaires (et du contenu !) de leurs repas.
Je sais que je suis un peu conservatrice dans mon genre. Je vis seule depuis deux ans mais contrairement à mes amis étudiants qui ont des horaires de repas flexibles, je continue à déjeuner à 12h30-13h, dîner à 20h-20 h30, quel que soit le jour de la semaine. Maisici c’est étrange, il n’y a pas vraiment de plage horaire pour chaque repas, à part pour le petit-déjeuner, qui est vraiment le repas le plus important aux US dans le sens que les Américains petit-déjeunent toujours, quel que soit le jour et l’heure à laquelle is se lèvent, alors qu’ils n’ont aucun problème à sauter le lunch (déjeuner) ou le dinner (dîner). Personne ne s’arrête vraiment pour manger, et surtout personne ne mange à table. Ici on mange debout, devant la télé, devant son ordinateur, en téléphonant, en révisant, mais jamais autour d’une table en discutant. C’était choquant et déstabilisant pour moi au début, mais apparemment c‘est un phénomène, et un problème, national : il y a quelques semaines, le New York Times consacrait un article aux bienfaits scientifiquement prouvés des repas en famille à table, et de l’utilité d’en avoir au moins deux ou trois par semaine (pourquoi pas tous les jours ?) pour réduire les risques d’obésité, de délinquance, de grossesses des adolescentes, et j’en passe.
Pour vous donner une idée, voici la journée type des mes colocs :
7h-10h, en fonction de l’heure à laquelle on se lève : breakfast ; généralement les Américains mangent des céréales, du pain grillé, mais le plus souvent des œufs. Parfois des trucs très étranges, comme ma coloc hier : de la glace au chocolat (oui oui pour le petit-déj).
11h-16h : lunch, mais en réalité personne ne prend une pause-déjeuner ici. En général, les Américains mangent s’ils ont faim, s’ils se rendent compte qu’ils ont faim, et s’ils pensent à aller manger… ce qui fait beaucoup de conditions, et en général ils finissent juste par sauter le lunch. S’ils déjeunent, ils mangent peu (et mal) : une part de pizza, un sandwich triangle, un bol de céréales (oui oui pour le déjeuner).
16h-18h : dinner ; les Américains sautent rarement le dinner, c’est le repas qu’ils prennent en rentrant de cours ou du travail, et ce quelle que soit l’heure. Par exemple, ma coloc en école d’infirmière dîne vers 18h30 en général, mais le mardi c’est plutôt 16h30, l’heure à laquelle elle rentre de sa journée à l’hôpital. Ils mangent un peu n’importe quoi, surtout ce qu’ils ont sous la main : une part de pizza, un reste de pâtes réchauffé, un bol de soupe, un yaourt, un bol de céréales (encore !)…
20h-22h : étant donné la faible quantité de nourriture ingérée au dinner, deux heures plus tard mes colocs ont faim. A ce moment-là, elles s’attaquent invariablement : à la glace, au paquet de cookies, au paquet de biscuits salés (type biscuits apéritifs), à un autre reste de pâtes, à la boîte d’œufs (les Américains adoooorent les œufs). Parfois elles commencent par la glace, ont faim une heure plus tard et se font cuire un œuf… mélange très étrange, je vous l’accorde.
La conclusion : je me sens vraiment bizarre avec mes dîners à table à 20h, avec une salade/un bol de soupe en entrée, un plat et un fruit/un yaourt en dessert. Mes colocs aussi trouvent ça bizarre de manger seule à la table de la cuisine, c’est plus sympa de s’affaler avec elles sur le canapé du salon devant une série télévisée stupide… Alors je m’y mets, ça s’appelle l’intégration, et c’est sympa, je vous jure.
Ce qui me manque, et va encore plus me manquer dans les mois à venir : un long, très long repas de famille, type Noël, anniversaire, ou mariage. J’en rêve.
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