dimanche 30 octobre 2011

Considérations outre-atlantiques #1: Braque et moi.

Je viens d’Ales. A Ales il y a le Musée Pierre-André Benoit, plus communément appelé Musée PAB. Il est situé dans un joli parc sur les hauteurs de la ville. La dernière fois que j’y suis allée, je devais avoir 8 ans. C’était pour une activité scolaire, du type « présentation du musée », qui s’achevait en atelier dessin où l'on devait essayer de vaguement reproduire une ou deux œuvres présentées avec des pastels.

Puis je suis partie à Paris. En deux ans je suis allée plus souvent au Musée d’Orsay que la majorité des Français en toute une vie. J’ai aussi arpenté le Louvre, le Palais Tokyo, le Musée de l’Orangerie, fait la queue, parfois pendant des heures, pour les expositions temporaires du Grand Palais et d’Orsay, encore.

J’ai aussi visité beaucoup des plus grands musées du monde au cours de précédents voyages. Le MET, le MoMA, le Guggenheim à New York. La National Gallery of Art à Washington DC. Le British Museum et la National Gallery à Londres. Le Musée Dali à Figueras et la Fondation Miro à Barcelone. Dans les années à venir j’espère découvrir l’Art Institute de Chicago, le Prado à Madrid, l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. 

Aujourd’hui je vis à Boston. Je suis déjà allée passer quelques heures au Museum of Fine Arts et évidemment je vais encore y retourner souvent les 9 prochains mois. A Boston College je suis un cours d’Histoire de l’Art intitulé « Modern Art : 20th Century ». Pendant notre cours sur le Fauvisme, on a beaucoup parlé de Braque, sans oublier les références à Cézanne. Il y a toutes ces œuvres qu’on étudie chaque semaine, Viaduc de l’Estaque, Paysage à La Ciotat, qui sont des paysages si familiers pour moi et tellement exotiques pour les étudiants américains qui m’entourent. Je n’y avais réfléchi avant, mais oui ces paysages se trouvent à quelques kilomètres de chez moi, et je n’ai jamais pris la peine de m’y déplacer. Et pourtant, qu’est-ce que sont quelques centaines de kilomètres comparés aux 6 000 kilomètres qui séparent les étudiants américains des lieux de réalisation des tableaux qu’ils étudient en cours avec moi ?

C’est au MoMA, le week-end dernier, que j’ai une révélation devant ce tableau de Braque: Paysage à La Ciotat, 1907.  Le Musée PAB, dans ma ville natale, regorge de ses œuvres, et il me faut attendre d’être là, au MoMA, à New York, à plus de 6 000 kilomètres de chez moi, pour comprendre.

La conclusion : arrêter de dénigrer le local vs le national, le local vs l’international.
Note pour plus tard : aller au Musée PAB l’été prochain.
Après ça : voir La Ciotat et l’Estaque, en vrai. Et aussi le moulin d’Alphonse Daudet. Et les champs de lavande en Provence, ailleurs que sur Google images.

Choc des civilisations #2: les horaires des repas.

C’est quelque chose qui m’a frappé dès la première semaine. Sauf que je pensais que ça allait passer, quand on aurait repris les cous et qu’on aurait tous un rythme plus fixe et régulier. Mais ce n’est pas passé. Mes meilleurs cas d’études pour ce sujet ce sont mes colocs. Une est étudiante en école d’infirmière, une autre est prof de biologie dans un lycée privé catholique, la dernière fait un master d’aménagement urbain et cumule un boulot de serveuse. Elles ont toutes des horaires et des horizons différents, mais partagent le même point commun, en plus de vivre sous le même toit : l’instabilité et l’incongruité des horaires (et du contenu !) de leurs repas. 

Je sais que je suis un peu conservatrice dans mon genre. Je vis seule depuis deux ans mais contrairement à mes amis étudiants qui ont des horaires de repas flexibles, je continue à déjeuner à 12h30-13h, dîner à 20h-20 h30, quel que soit le jour de la semaine. Maisici c’est étrange, il n’y a pas vraiment de plage horaire pour chaque repas, à part pour le petit-déjeuner, qui est vraiment le repas le plus important aux US dans le sens que les Américains petit-déjeunent toujours, quel que soit le jour et l’heure à laquelle is se lèvent, alors qu’ils n’ont aucun problème à sauter le lunch (déjeuner) ou le dinner (dîner). Personne ne s’arrête vraiment pour manger, et surtout personne ne mange à table. Ici on mange debout, devant la télé, devant son ordinateur, en téléphonant, en révisant, mais jamais autour d’une table en discutant. C’était choquant et déstabilisant pour moi au début, mais apparemment c‘est un phénomène, et un problème, national : il y a quelques semaines, le New York Times consacrait un article aux bienfaits scientifiquement prouvés des repas en famille à table, et de l’utilité d’en avoir au moins deux ou trois par semaine (pourquoi pas tous les jours ?) pour réduire les risques d’obésité, de délinquance, de grossesses des adolescentes, et j’en passe. 

Pour vous donner une idée, voici la journée type des mes colocs :
7h-10h, en fonction de l’heure à laquelle on se lève : breakfast ; généralement les Américains mangent des céréales, du pain grillé, mais le plus souvent des œufs. Parfois des trucs très étranges, comme ma coloc hier : de la glace au chocolat (oui oui pour le petit-déj).
11h-16h : lunch, mais en réalité personne ne prend une pause-déjeuner ici. En général, les Américains mangent s’ils ont faim, s’ils se rendent compte qu’ils ont faim, et s’ils pensent à aller manger… ce qui fait beaucoup de conditions, et en général ils finissent juste par sauter le lunch. S’ils déjeunent, ils mangent peu (et mal) : une part de pizza, un sandwich triangle, un bol de céréales (oui oui pour le déjeuner).
16h-18h : dinner ; les Américains sautent rarement le dinner, c’est le repas qu’ils prennent en rentrant de cours ou du travail, et ce quelle que soit l’heure. Par exemple, ma coloc en école d’infirmière dîne vers 18h30 en général, mais le mardi c’est plutôt 16h30, l’heure à laquelle elle rentre de sa journée à l’hôpital. Ils mangent un peu n’importe quoi, surtout ce qu’ils ont sous la main : une part de pizza, un reste de pâtes réchauffé, un bol de soupe, un yaourt, un bol de céréales (encore !)…
20h-22h : étant donné la faible quantité de nourriture ingérée au dinner, deux heures plus tard mes colocs ont faim. A ce moment-là, elles s’attaquent invariablement : à la glace, au paquet de cookies, au paquet de biscuits salés (type biscuits apéritifs), à un autre reste de pâtes, à la boîte d’œufs (les Américains adoooorent les œufs). Parfois elles commencent par la glace, ont faim une heure plus tard et se font cuire un œuf… mélange très étrange, je vous l’accorde.

La conclusion : je me sens vraiment bizarre avec mes dîners à table à 20h, avec une salade/un bol de soupe en entrée, un plat et un fruit/un yaourt en dessert. Mes colocs aussi trouvent ça bizarre de manger seule à la table de la cuisine, c’est plus sympa de s’affaler avec elles sur le canapé du salon devant une série télévisée stupide… Alors je m’y mets, ça s’appelle l’intégration, et c’est sympa, je vous jure.
Ce qui me manque, et va encore plus me manquer dans les mois à venir : un long, très long repas de famille, type Noël, anniversaire, ou mariage. J’en rêve.  

Choc des civilisations #1: les habitudes alimentaires.

Chaque semaine j’accompagne ma coloc faire les courses au supermarché. C’est sympa, les supermarchés, surtout à l‘étranger : on trouve plein de produits exotiques et inconnus, et c’est un reflet assez honnête des principales différences culturelles. 

Premier choc : les viandes. La première fois que je vais au supermarche avec Amber, qui est végétarienne (le détail est important), on achète de la viande pour ma coloc Christina.  J’en profite pour analyser vite fait l’étalage. La viande c‘est pas mon fort, je ne suis pas particulièrement fan et en général je fuis les étalages sanguinolents des supermarchés, mais ici quelque chose me frappe immédiatement : le choix limité. Je vois du bœuf, du poulet, du porc… et c’est tout. Je réfléchis rapidement à toutes les viandes qu’on mange en France et je commence à interroger ma coloc. Elle fait une drôle de tête quand je parle de canard et de lapin, mais quand je lui demande pour le cheval, elle me regarde avec un air mi-atterré mi-horrifié et me répond ‘Do you guys eat horse?’.  C’est difficile de traduire l’effet emphatique du ‘guys’ mais j’imagine qu’en français ca donnerait « Parce que VOUS vous mangez du cheval ?!?! » Bon d’accord, c’était pas la meilleure idée de poser ce genre de questions à ma coloc végétarienne. Mais au moins j’ai eu une réponse, claire, accompagnée d’un soupçon de barbarie pour mes compatriotes français (pour ceux qui en douteraient, évidemment JE ne mange pas de cheval). 

Deuxième choc : le rayon des yaourts. Là aussi le manque de choix est frappant. Il n’y a que des yaourts à proprement parler, pas de crèmes, danettes, flanbys et autres desserts industriels qu’on trouve en France. Ensuite, le yaourt nature n’existe qu’en gros pot de 500 g et pas en petits pots individuels, ce qui me semble assez étrange. Et j’oublie de préciser que les yaourts se vendent à l’unité, pas en barquette de 4, 6 ou 12… ne me demandez pas pourquoi.

Troisième choc : la coupe de viande et de fromage. Ma coloc achète de la ’sliced turkey ‘ et du ‘sliced cheddar’ (dinde et fromage en tranches, typiquement américain, ils en mettent dans tous les sandwiches) à la coupe.  La première fois, quand on nous a proposé de goûter une tranche, j’ai pensé que c’était un geste commercial ou quelque chose du genre.  Mais la semaine suivante, dans un autre supermarché, on nous a encore demandé si on voulait goûter. Il était 15h et ça me paraissait ahurissant de vouloir faire manger de la dinde et du fromage à cette heure-la aux clients. Ma coloc a refusé, moi aussi cela va de soi, ce qui a vaguement énervé le type qui coupait nos tranches. Il nous a demandé pourquoi on ne voulait pas goûter (mais qu’est-ce que ça peut lui faire ?!), ma coloc a répondu qu’elle était végétarienne, moi j’ai dit que j’avais déjà déjeuné. Il n’a pas eu l’air de comprendre le lien : j’avais déjeuné, et alors ? je pouvais bien manger une tranche de dinde non ? Ben non. 1) c’est mauvais pour la sante de grignoter entre les repas, 2) je ne veux pas devenir obèse a cause de ma 3A, 3) la dinde c’est infecte. Après en regardant les autres clients je me suis rendu compte que tout le monde goûtaient, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit… je me passe de commentaires.

Les produits qui n’existent pas ici :
- la compote (à ma grande tristesse)
- le chocolat noir aux noisettes/amandes (second grand chagrin, d’ailleurs si quelqu’un veut m’envoyer un colis, j’ai un faible pour le Côte d’Or. Et j’en mange BEAUCOUP.)
- le fromage râpé : quand je dis fromage râpé j’entends emmental, évidemment pour moi c’est le seul fromage qui me viendrait à l’idée de râper. Ici, ca leur semble une infamie de râper de l’emmental, par contre ils n’ont aucun problème avec la mozzarella râpée, on en trouve partout, ce qui me semble être une atteinte à l’intégrité de la culture italienne, c’est marrant quand même la relativité des valeurs (Weber avait raison).

jeudi 13 octobre 2011

30 septembre: déjà un mois !

Premier mois écoulé.
En un mois:
- je me suis inscrite à un cours de grec moderne à BC
- je suis montée en haut du Prudential Center
- je suis allée à une Cheesecake Factory
- je suis retournée à Cape Cod (Hyannis, bastion des Kennedy)
- j'ai assisté à un match de football américain, mais je n'ai rien compris
- j'ai organisé un voyage à New York pour la fin octobre

Et surtout... j'ai rejoint la BC University Chorale, groupe de 150 étudiants au top du top du chant choral. Par exemple, ils sont tellement forts qu'ils ont déjà fait le Requiem de Mozart... J'ai auditionné le 15 septembre, et j'étais persuadée de ne pas être acceptée tellement l'audition a été désastreuse, mais deux jours plus tard j'étais sur la liste des admis, et le soir même on commençait les répétitions. Le 30 septembre, on avait notre premier concert à l'occasion d'une soirée fundraising à BC, avec... les BOSTON POPS ! (prestigieux orchestre de Boston que tout le monde adore ici) On a joué quelques pièces de John Williams, ancien chef d'orchestre des Pops et lui aussi adoré à Boston, quelques chansons populaires américaines, l'hymne avec lâcher du drapeau étoilé... grand moment, je vous jure.
Depuis, on travaille la Symphonie n°2 "Lobgesang" de Mendelssohn, prochain concert le 11 novembre.




Quelques photos:  les Pops ; Keith Lockhart, le chef d'orchestre ; moi avec ma tenue de concert obligatoire.

jeudi 6 octobre 2011

Home sweet home


Quelques photos de mon nouveau chez moi !
 La maison vue de l'extérieur, ma chambre, et mes colocataires.


De gauche à droite: Christina, Amber, Aliza, moi. 


Kit de survie à Boston #1 - Spécial pluie




Ready for Boston weather!